Salut!
Souvent quand je marche, je m’amuse à porter mon attention sur une partie de mon corps. Je commence très souvent par les pieds. J’observe de quelle façon ils se déroulent sur le sol. Est-ce que mon poids est soutenu plus par l’avant ou l’arrière du pied, sur les côtés internes ou externes. En apportant mon attention sur lui, les tensions excessives se relâchent et je marche avec plus de souplesse.
J’observe toutes les sensations sous mes pieds. Quand j’en prend conscience, je les relâche. J’observe aussi de quelle façon mes orteils participent ou non à mon avancée. J’essaie d’avoir une perception tactile de chacune d’elle. Parfois, j’ai besoin de les agiter un peu pour bien les percevoir. Je m’amuse à voir la différence quand mes orteils entrent en action dans la marche, comme un soutien ou un propulseur. Parfois je me rend compte qu’elles ne s’impliquent pas trop dans le mouvement. Alors je les invite, en jouant. Et j’observe. C’est ça le jeu.
Puis un plaisir véritable naît. Quand j’apporte mon attention sur une partie de mon corps dans la marche, mes sens s’éveillent, deviennent plus fins, plus raffinés. Je regarde l’horizon droit devant, avec mon oeil observant mon intérieur. C’est l’émergence d’un nouveau monde, d’un nouvel état de conscience. Plus sensible, plus sensitif, plus perceptif. Je reçois les mouvements et les sons autour de moi comme si on les avait aiguisés. Tout est plus profond, plus tranchant. Le chant d’un oiseau me traverse le corps. Les grillons me font frissonner et chatouillent ma peau. Les rencontres que je fais sont souvent douces et joyeuses, parfois porteuses de message. Quand elles ne le sont pas, je sais mieux les accueillir. J’ai l’impression que ce n’est plus moi qui marche dans le monde mais que le monde marche vers moi. C’est un réel plaisir de vivre ces moments où c’est la vie qui a le plus de poids sur la balance que la pesanteur de mes pensées. Je me régénère le corps et le cerveau. Mon esprit se libère, puis mon coeur s’ouvre. Ce sont des moments de grâce.
Ces temps-ci je marche avec le levé du soleil. À mon retour, je prend mon petit déjeuner et avec l’odeur du café, je me laisse entourer par une mélodie douce et vibrante que j’écoute bien fort: Fou, d’Andréanne Malette.
Tu vas dire sans doute que je suis en retard et tu as bien raison mais je viens tout juste de découvrir cette jeune artiste. J’adore sa voix et les mots de quelques-unes de ses chansons me touchent. Je m’y suis intéressée et j’ai découvert un article sur son blogue qui appui ce que je veux te transmettre, avec le plaisir de l’attention dans la marche:
Article tiré du blogue d’Andréanne Malette.
Marcher en sens contraire
Je marche. Tout le temps. J’aime marcher. Auto, métro, taxi… le moins possible. Parce que j’ai des jambes et parce que la marche me procure un bien immense. Elle m’offre chaque fois une belle période de réflexion et d’introspection.
J’aime regarder les gens dans les yeux quand je marche. Observer la ville comme si j’étais une touriste. Dire bonjour aux mendiants, prendre quelques secondes pour leur jaser, parfois leur offrir un petit café ou quelque chose de réconfortant. Souvent quand je marche, j’ai dans mes oreilles de la musique ou plus souvent un livre audio; de croissance personnelle, de marketing, de relations interpersonnelles. Mais aujourd’hui rien de tout cela. Je n’avais pas prévu revenir à pieds, donc pas d’écouteurs. Alors que j’avais les yeux grands ouverts sur la ville, le ciel, les bagarres du coin douteux de la ste-catherine, j’ai croisé un aveugle. J’ai passé très discrètement à côté de lui en m’assurant de ne pas le frôler malgré l’étroit passage à sa gauche, puis je me suis demandé s’il avait développé amplement son ouie et son intuition pour avoir sentie ma présence. C’est connu que lorsqu’on perd un sens, on développe les autres pour compenser. Mais pourquoi attendre de les perdre pour utiliser leur plein potentiel?
J’ai fait les quelques mètres ou kilomètres qui restaient comme si j’avais soudainement perdu la vue. J’ai laissé mes yeux ouverts bien entendu, mais je les ai fermé mentalement jusqu’à ne plus vraiment les utiliser. Pour la première fois de ma vie, j’ai senti chacun des petits cailloux sous mes pieds, chacune des craques de trottoir, surtout celles qui sont plus rapprochées lorsqu’on arrive au coin d’une rue, justement pour les non-voyants. Je me suis demandé si la fille devant moi venait vers moi ou s’éloignait. J’ai écouté ses pas, et j’ai convenu qu’on allait dans la même direction. J’ai étudié la circulation des voitures avant de traverser les rues. J’ai contourné des personnes qui parlaient au téléphone. J’ai probablement parue plus individualiste que d’habitude, car je n’ai regardé personne dans les yeux, mais je les ai regardé avec mes oreilles, et mon âme. Ça m’a fait un bien réel d’être sensible à d’autres stimulis, et de m’être mis à la place d’un autre humain. On prend souvent trop de choses pour acquis. C’est plus facile de suivre la route qu’on connait sans se poser de questions. Mais parfois c’est bien d’utiliser un autre sens en marchant. Parfois c’est bien de marcher en sens contraire.
Tu peux retrouver son article ici:
http://andreanneamalette.com/blogue/
Ce que j’aime particulièrement dans cet article c’est que nous voyons la naissance de cet état de conscience nouveau qui se révèle en marchant quand notre attention est tournée vers l’intérieur, dans notre corps.
J’appelle ça des jeux d’attention. L’esprit et le coeur léger, viens-tu jouer?
Amène-toi promener! Apprends les rythmes de marche à la base de cette pratique, depuis chez toi (cours en ligne) ou bien en atelier. Formation de marche afghane, j’explique tout sous l’onglet FORMATION:
Bonne marche!